Marais de Brouage

Moëze -Porte Nord du Marais de Brouage

Le marais de Brouage est l’une des plus riches et emblématiques zones humides du territoire français. Son histoire, son patrimoine naturel et bâti, sa biodiversité, ses paysages, les femmes et les hommes qui y vivent ou y travaillent, en font un lieu unique à préserver et à valoriser pour les générations futures.

Marais de Brouage 

Situé entre Rochefort et Marennes, le marais de Brouage est un marais essentiellement doux, avec seulement 9 % de marais salés. D’une superficie d’environ 13 000 ha dont 2 000 ha maritimes, il est constitué sur sa partie terrestre de 1 600 km de canaux et fossés aménagés et entretenus par l’Homme.

Un marais gagné sur la mer

Le marais de Brouage est issu de l’envasement de l’ancien golfe de Saintonge. Il y a 2 500 ans, l’océan pénétrait jusqu’à la Tour de Broue, puis des sédiments d’origine marine sont venus combler peu à peu ce dernier, créant des vasières.

Dès le Moyen Âge, celles-ci furent progressivement aménagées en salines par les différentes puissances qui s’y succédèrent : pouvoirs gallo-romains, religieux puis royaux. Au XVIe siècle, âge d’or du sel, celui-ci était exporté dans toute l’Europe.

C’est à cette époque, en 1555, que la citadelle de Brouage fut édifiée. Elle verra l’un de ses fils – Samuel Champlain – en partir pour fonder en 1608 la ville de Québec et la Nouvelle-France.

À partir du XVIIe siècle, l’envasement et le déclin de l’économie du sel provoquèrent l’abandon progressif du marais qui devint insalubre, ou « gâté ». L’Homme le réinvestit à partir du milieu du XIXe siècle sous l’impulsion du sous-Préfet de Marennes Charles-Esprit Le Terme qui lança de grands travaux d’assainissement pour l’ouvrir aux pratiques agricoles et notamment à l’élevage.

Le havre de Brouage par Nicolas Simon, cartographe du Roi. Gallica. Bibliothèque nationale de France.

Une mosaïque de paysages

De cette riche histoire, est née une diversité de paysages. La structure paysagère principale – le marais « gât » – en témoigne encore avec des reliefs géométriques alternant dépressions rectangulaires nommées « jas » (anciens bassins pour le sel) et bosses (anciennes digues). Le réseau hydraulique, constitué de canaux et de fossés, donne une impression de labyrinthe où il est facile de se perdre.

Les coteaux et les points hauts (anciennes îles), souvent boisés, rappellent quant à eux le passé maritime du marais. Points d’observation, c’est là que se sont installés les fermes et les villages avec leurs clochers qui fonctionnent comme des amers (ex : Moëze et son clocher de 52 mètres qui servait d’amer).

Sur la façade littorale, le marais est salé. Les anciens marais salants ont été reconvertis en claires pour l’affinage des huîtres. Les formes géométriques sont jalonnées de cabanes et l’activité humaine est plus dense.

Enfin, au cours des années 1960, une partie du marais a été drainée pour la culture céréalière. De grandes étendues de monocultures y colorent le paysage selon les saisons.

Marais de Brouage. Vue aérienne © OT IOMN-S.Breffy

De nombreux usages

Aujourd’hui, l’activité salicole a totalement disparu. La majeure partie du marais, soit 8 000 ha, est consacrée à l’élevage extensif de bovins et à la fauche. Les parcelles, gorgées d’eau en hiver, ne sont accessibles que d’avril à novembre et donnent lieu à de petites transhumances. Les fossés jouent alors le rôle de clôtures naturelles et d’abreuvoirs pour les bêtes. La céréaliculture (blé, maïs…) est pratiquée sur 1 500 ha de parcelles drainées ainsi que sur les coteaux et les crêtes où 1 200 ha sont irrigués avec l’eau du marais.

L’ostréiculture occupe quant à elle la frange littorale sur environ 1 000 ha de marais, où sont notamment affinées des Huîtres Marennes-Oléron (IGP) ou de la marque Huîtres Charente-Maritime ; le marais de Brouage étant réputé pour leur verdissement.

À côté de ces activités économiques, il existe diverses activités de loisir comme la pêche à pied, la chasse, l’observation ornithologique, la balade à pied ou à vélo, et même en kayak.

Elevage bovin

Une riche biodiversité

Avec ses microreliefs, ses étendues d’eaux plus ou moins saumâtres, ses divers paysages, le marais de Brouage offre une mosaïque de milieux propices à l’accueil d’une faune variée, qui lui vaut d’être un site Natura 2000 et un Espace naturel sensible du Département.

Il est ainsi le foyer de 250 espèces d’oiseaux : Busard des roseaux, Barge rousse, Héron pourpré, Cigogne blanche… Parmi les principaux sites d’observation : la Réserve Naturelle Nationale de Moëze-Oléron, l’un des principaux sites français pour l’hivernage des oiseaux côtiers avec 100 000 individus présents chaque année.

Le marais accueille aussi une des plus importantes populations de Cistudes d’Europe en France : une tortue aquatique protégée, qui côtoie de nombreux amphibiens dans les secteurs marécageux.

Sa faune et sa flore sont très variées, en fonction notamment des conditions hydriques et de salinité du sol : loutre d’Europe, Damier de la Succise, anguille européenne, Œnanthe, Renoncule à feuille d’ophioglosse, Pélobate cultripède, Iris de Sibérie…

Sur le littoral, des vasières soumises au balancement des marées abritent différentes communautés végétales (prés salés, herbiers de zostères naines, algues microscopiques) sources de nourriture pour de nombreux juvéniles de poissons plats (céteau, plie commune, sole commune) et pour des milliers de limicoles côtiers.

Barge rousse

Un patrimoine historique emblématique

Flottant en plein cœur du marais tel un vaisseau de pierre, la citadelle de Brouage en est le monument le plus emblématique, dans la mesure où il résume à lui seul la riche histoire de l’ancien Golfe de Saintonge. Plusieurs de ses éléments sont classés monuments historiques : remparts, église Saint-Pierre, poudrières et casernes anciennes.

Plus ancienne, puisque datant du XIe siècle, la Tour de Broue, en fond de marais, témoigne des riches heures de l’exploitation et du contrôle du sel par les seigneurs de Broue.

À côté de ces deux monuments les plus connus, il existe tout un « petit patrimoine » non moins intéressant comme les corps de fermes, les cabanes, certains ouvrages hydrauliques, sans parler du patrimoine immatériel (histoires locales, savoir-faire, patois…) transmis de génération en génération.

Citadelle de Brouage

 Un milieu fragile à préserver et à valoriser

Subtile alchimie de la nature et de la main de l’Homme qui l’a façonné au fil des siècles, le marais de Brouage – site classé « en raison de ses caractères historique et pittoresque » – n’en reste pas moins un milieu fragile.

De son entretien dépend une bonne circulation et une bonne qualité de l’eau, le maintien des activités économiques mais aussi de loisir, la préservation de sa biodiversité et de ses paysages, dans une interdépendance qui oblige à la concertation entre tous les acteurs et usagers.

 Conscientes de ces enjeux, la CdC du Bassin de Marennes et la CdA Rochefort Océan ont uni leurs forces en 2016 pour porter un ambitieux projet de préservation et de valorisation du marais : le « Grand projet du marais de Brouage ».

De nombreuses actions ont alors été réalisées en concertation avec les acteurs du marais autour de trois axes :

        • la gestion de la zone humide et en particulier de la ressource en eau,
        • le maintien des activités primaires extensives dont l’élevage,
        • la valorisation patrimoniale et touristique du marais.

Entretien du réseau hydraulique

 Opération Grand Site

Sur la base de ce travail, les deux intercommunalités ont proposé en 2021 de lancer une Opération Grand Site (OGS) afin d’apporter une reconnaissance et une visibilité nationales au marais de Brouage, et de mettre le paysage au cœur de toute action en vue de préserver et de valoriser l’esprit des lieux de ce site unique.

Le ministère de la Transition écologique chargé de la politique des Grands Sites ayant donné une suite favorable, l’OGS a été lancée fin 2021 autour de quatre enjeux :

        • permettre l’adaptation du marais au dérèglement climatique,
        • maintenir les activités primaires respectueuses de la zone humide,
        • transmettre et promouvoir l’esprit des lieux.
        • encadrer un développement local en harmonie avec le site,

L’adaptation aux changements climatiques est aujourd’hui considérée, au même titre que l’approche par le paysage, comme un fil conducteur de cette démarche, afin de mener un projet permettant d’assurer la résilience du marais, de sa biodiversité, de ses paysages et de ses usages.

En mettant en œuvre un programme d’actions concrètes, les intercommunalités espèrent obtenir, à terme, le label Grand Site de France pour le marais de Brouage, à l’instar de la Baie de Somme, du Marais poitevin, ou de la Camargue gardoise.

Barrière dans le marais de Brouage

Contact

Opération Grand Site du marais de Brouage

Cheffe de projet : Marion Alvarez

Tél. 06 07 47 20 06

m.alvarez@agglo-rochefortocean.fr

À télécharger

Marais-de-Brouage-Engagement-OGS-Dossier-information

 

Petit patrimoine de MOËZE

Les puits étaient nombreux dans le village situé en bordure du marais. On trouve notamment le Puits des Dames, situé rue des Dames, qui était un lieu convivial autour duquel  les habitants se retrouvaient.

Il a conservé son système de puisage : chaîne et poulie.

On trouve, de part et d’autre du puits, 2 timbres rectangulaires en pierre servant d’abreuvoir. Il a été restauré en 2001 dans le cadre d’un programme de rénovation du petit patrimoine rural.

Les abreuvoirs faisaient également partis du paysage moëzien et permettaient de faire boire les bêtes et de les nettoyer. En 1880, étant donné le manque d’eau douce et le développement de l’élevage, il a été décidé par la commune de construire un “abreuvoir public”, dans le bas du bourg.

D’un usage réglementé, il restera en service jusque dans les années 1950.

Croix Hosannière

La Croix Hosannière est un monument unique en France de style classique datant du 16ème siècle (1628-1632), située au milieu du cimetière de Moëze. Elle sert d’étape lors de la procession des Rameaux et est également appelée “Temple de Moëze”.

Au XVIIe siècle, l’édicule reçoit une nouvelle croix à son sommet avec un support pyramidal ; ce support sera abattu lors de la Révolution Française et ne sera restauré qu’en 1825.

Ce monument est classé au titre des Monuments Historiques.

Église St Pierre de Moëze

L’Eglise Saint-Pierre de MOËZE est un monument architectural de style gothique datant des XIV° et XV°siècles. Elle a été détruite en partie à l’exception de son clocher lors des guerres de religion. Le clocher qui balise majestueusement les rives de l’ancien golfe de Saintonge a été effectivement épargné car il servait d’amer aux navigateurs. La nef a été reconstruite au XVIII°siècle sans doute par les descendants de Catherine de Parthenay, les Rohan. L’entrée actuelle comprend un portail en forme de portique grec avec une niche incluse dans le triangle du fronton.

Ce monument d’art se compose de deux espaces : le clocher et la nef.

Le clocher de l’Eglise est classé Monument Historique depuis le 15 février 1915. Cet édifice culmine à 52 mètres et permet d’avoir une vue panoramique sur le marais de Brouage, la Réserve Naturelle de Moëze-Oléron, la citadelle de Brouage (classée un des plus beaux villages de France), le futur parc régional et ses alentours.

Sa cloche a été inscrite au titre des monuments historiques le 24 février 2017.

 

La nef de l’Eglise non classée abrite de nombreux mobiliers dont certains sont inscrits au patrimoine :

      • un orgue datant du XIX° siècle,
      • un magnifique retable composé d’un tableau de Dubuisson datant de 1726,
      • des vitraux de 1867,
      • un autel en bois sculpté peint,
      • des fonds baptismaux (cuve en pierres et boiseries).

 

La flèche de l’église de Moëze, dans le style des clochers gothiques de Marennes et Saintes, témoigne de la notoriété des lieux. Il s’agit d’une grosse tour carrée à étages montant jusqu’à une plateforme à balustrades, haute de 51 mètres. De là-haut, on profite d’une vue imprenable sur les marais alentours.

 

Clocher et Monument aux Morts au levé du soleil

Intérieur du clocher

Réserve Naturelle Moëze-Oléron

La Réserve Naturelle des Marais de Moëze couvre la partie littorale de la commune sur 220 hectares depuis 1985.

crédit ©LPO-RNNMO

Son potentiel d’accueil des oiseaux migrateurs lui confère une renommée par-delà les frontières, et anime l’intérêt de nombreux chercheurs (France, Europe et plus) et curieux de nature. Marais poldérisés, lagunes, prairies sont les paysages protégés du site. Faune et flore y trouvent des conditions de vie favorables à leur développement et cycle annuel.

Située sur la grande voie de migration Est-Atlantique, elle accueille en hiver 100 000 oiseaux d’eau. Localement, la réserve naturelle ce sont des ambiances, avec des vols de milliers de canards et limicoles en hiver, la Gorge bleue à miroir ou la Bergeronnette printanière au printemps.

Ce spectacle de nature est accessible toute l’année aux familles en empruntant les quatre sentiers d’interprétation (les groupes sont accueillis obligatoirement en visite guidée). Également l’espace d’accueil de la réserve naturelle reste un lieu d’information ouvert gratuitement.

Le saviez-vous ?

Le site protégé s’étend sur 100 hectares propriétés du Conservatoire du littoral au nord sur la commune voisine de Saint-Froult  et à l’Ouest sur Oléron (13 km de plage) sur 6300 hectares de domaine public maritime. On parle alors de la Réserve Naturelle de Moëze-Oléron. La plage de Moëze est interdite au public depuis la création de réserves intégrales, tout comme deux secteurs de plage sur Oléron.

Pour plus d’informations https://www.reserve-moeze-oleron.fr/  

crédit ©LPO-RNNMO
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